Mark Carney déclenche des élections fédérales

Course serrée attendue entre les libéraux et les conservateurs
Aujourd'hui, à Rideau Hall, le premier ministre Mark Carney a officiellement demandé au gouverneur général de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections fédérales qui auront lieu le 28 avril 2025. Alors que le gouvernement fédéral devait tenir des élections aussi tard que le 21 octobre 2025, cette décision n'est pas surprenante compte tenu du paysage politique récent et des développements qui ont mené Mark Carney à devenir premier ministre plus tôt ce mois-ci.
Analyse
Bon nombre d'entre eux à Ottawa et dans l'ensemble du paysage politique fédéral ont longtemps spéculé sur le déclenchement anticipé d'élections, certainement depuis la fin de l'accord d'approvisionnement et de confiance entre les libéraux et les néo-démocrates en septembre 2024, et au milieu d'un mécontentement tant au sein du Parti libéral que de la part du public, alors que les conservateurs se sont multipliés en faveur tout au long de l'automne 2024.
Beaucoup de choses ont changé depuis le début de ces spéculations électorales anticipées, avec la démission de Justin Trudeau de son poste de premier ministre le 6 janvier et la prorogation du Parlement par le gouverneur général jusqu'au 24 mars. Mark Carney est ensuite élu par les membres du Parti libéral pour remplacer Trudeau le 9 mars. Carney n'a jamais été élu à une charge politique auparavant, et les élections permettront de voir comment son long CV correspondra aux compétences politiques chevronnées et perfectionnées de Pierre Poilievre.
Cette élection intervient à un moment où les tensions s'intensifient entre les États-Unis et le Canada, alors que le président Donald J. Trump a mis en place des droits de douane contre les producteurs canadiens d'acier et d'aluminium et menace d'en appliquer davantage le 2 avril. À ce titre, cette élection sera principalement axée sur les personnes les mieux placées pour traiter avec le président Trump et avoir un plan pour préserver les intérêts canadiens, au pays et à l'étranger.
Les Canadiens sont unis pour défendre leur pays avec un sentiment renouvelé de patriotisme. Ils mettent l'accent sur l'économie, la sécurité et la souveraineté. À ce titre, il est d'autant plus important de s'assurer que les Canadiens déterminent quel parti politique est le mieux placé pour réagir rapidement une fois les élections terminées.
À quoi s'attendre
Parti libéral du Canada
Alors que le Parti libéral du Canada cherche à remporter une quatrième élection fédérale consécutive, sa campagne, ses programmes et ses politiques semblent très différents des élections précédentes, le premier ministre Mark Carney étant maintenant chef du Parti.
Le premier ministre Carney a déjà présenté des mesures et des propositions politiques au cours de la course à la direction du parti libéral. Il s'agit notamment de mesures visant à répondre aux préoccupations relatives à l'abordabilité, y compris l'élimination de la taxe sur le carbone à la consommation, l'annonce de l'élimination de la TPS pour les acheteurs d'une première maison pour des maisons neuves ou rénovées de moins de 1 million de dollars, et l'annulation de l'impôt sur les gains en capital proposé, ainsi que la prise de mesures pour soutenir les grands projets en doublant le Programme de garanties d'emprunt aux Autochtones. Il a également mis en place d'autres mesures pour aider les travailleurs et les entreprises à répondre aux préoccupations tarifaires et à renforcer les relations avec d'autres pays afin de réduire la dépendance à l'égard des États-Unis. Cependant, il devra aller plus loin pour se différencier de Justin Trudeau et se positionner pour traiter au mieux avec le président Trump.
Le premier ministre Carney cherchera à éviter le sort des anciens premiers ministres Charles Tupper (1896), John Turner (1984) et Kim Campbell (1993), qui ont prêté serment de prolonger le mandat de leur parti au pouvoir, mais qui ont perdu en quelques mois, ou, dans le cas de Tupper, quelques semaines.
Parti conservateur du Canada
Avant l'annonce de la démission de Justin Trudeau à titre de premier ministre, le Parti conservateur du Canada jouissait d'une avance importante sur les autres partis depuis près de deux ans. Cette avance s'est refermée au cours des derniers mois et le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre espère rattraper le terrain perdu.
Les conservateurs sont en pleine campagne électorale avec leur slogan électoral « Le Canada d'abord, pour un changement » et des annonces politiques quotidiennes : une promesse d'abroger le prix fédéral du carbone industriel et de le remplacer par des incitatifs ; un plan pour accélérer les approbations pour le Cercle de feu ; des zones prêtes à l'emploi où l'extraction des ressources naturelles est préapprouvée et autorisée ; et un plan « plus de bottes, moins de combinaisons » pour former 350 000 travailleurs de métier.
Poilievre a eu quelques difficultés à maintenir son élan au cours des derniers mois, alors que les élections sont passées d'un référendum contre le gouvernement libéral à la meilleure façon de protéger l'économie canadienne contre les tarifs douaniers du président Trump. À ce titre, Poilievre s'efforce de démontrer qu'il a à cœur les intérêts des Canadiens dans un contexte de tension croissante entre le Canada et les États-Unis. Les sondages montrent que M. Carney est nettement en avance sur M. Poilievre lorsqu'on demande aux Canadiens quel chef est le mieux placé pour faire face aux tarifs de Trump et y faire face. Malgré cela, les conservateurs conservent un certain nombre d'avantages à l'approche de cette élection, ayant été le parti le mieux placé pour une élection anticipée avec le plus grand nombre de candidats présentés bien avant le déclenchement des élections, et ayant été le parti ayant recueilli le plus de fonds au cours de la dernière année, recueillant plus de 40 millions de dollars en 2024 - le double de leurs adversaires combinés - et demeurant extrêmement en bonne santé tout au long du premier trimestre de 2025.
Nouveau Parti démocratique du Canada
Compte tenu des tendances actuelles en matière de sondages, le Nouveau Parti démocratique a une rude bataille devant lui au cours de cette élection. Leur faveur a chuté de façon spectaculaire depuis janvier 2025, alors qu'ils devançaient les libéraux, loin derrière les conservateurs. À ce titre, il sera important de se positionner comme l'alternative au Parti libéral en tant que « véritables progressistes » et de tenter de souligner les succès obtenus dans le cadre de l'entente d'approvisionnement et de confiance, comme l'assurance-médicaments, les soins dentaires et la législation interdisant les travailleurs de remplacement.
Ce sera un défi, car le NPD ne parvient pas à présenter une liste complète de candidats pour les élections de 2025, malgré ses efforts acharnés pour obtenir le recrutement de candidats, et fait actuellement face à d'importants déficits dans les sondages en Colombie-Britannique et au Manitoba, où le parti gouverne à l'échelle provinciale. Cependant, le NPD a déjà commencé à recevoir l'appui officiel des syndicats et, contrairement aux libéraux et aux conservateurs où leurs deux chefs font face à l'électorat canadien pour la première fois, il s'agit de la troisième campagne nationale du chef du NPD Jagmeet Singh.
Bloc Québécois
Avant le déclenchement des élections, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a déclaré que son parti était prêt et prêt pour les élections. Cependant, dans le cadre d'une élection axée sur les préoccupations nationales liées aux relations avec le président Trump, le Bloc québécois pourrait avoir de la difficulté à convaincre les électeurs de les appuyer, car les récents sondages montrent que les chiffres du Bloc sont en baisse. Blanchet a quelques avantages intégrés, n'ayant qu'à présenter des candidats dans 78 circonscriptions contre 343 pour d'autres partis fédéraux, et étant lui-même un militant chevronné. Le Bloc a également été perçu comme étant en train de perdre du terrain face aux libéraux lors des élections de 2021 jusqu'au débat anglophone où une question du modérateur sur la validité du projet de loi 21 a donné à Blanchet l'occasion d'affirmer la position reflétant les valeurs du Québec et de donner vie à une campagne en déclin.
Prochaines étapes
Avec le déclenchement officiel des élections, nous verrons les campagnes prendre leur plein dans les prochains jours. Par la suite, les partis politiques commenceront à publier leurs plateformes officielles de politiques pour établir leurs plans et leurs priorités pour le Canada, notamment en traitant à la fois des préoccupations internationales, comme les tarifs, et des préoccupations nationales, comme l'abordabilité et le logement.