Le Canada est fort : Budget fédéral 2025

La ligne d'auteure
- Déficit de 78,3 milliards de dollars pour 2025/2026, ramenant chaque année à 56,6 milliards de dollars d'ici 2029/2030.
- 280 milliards de dollars en investissements en immobilisations : 115 milliards de dollars dans l'infrastructure, 110 milliards de dollars pour les mesures de productivité et de compétitivité, 30 milliards pour la défense et 25 milliards pour la construction de maisons.
- Diminution de la taille de la fonction publique d'environ 10 % ; 40 000 emplois supprimés d'ici 2028-2029.
Ce que vous devez savoir
Cet après-midi à la Chambre des communes, François-Philippe Champagne, ministre des Finances et du Revenu national, a déposé le budget 2025 du gouvernement fédéral intitulé « Canada fort », qui fait directement écho au slogan de la campagne libérale. En tant que premier budget du premier ministre Mark Carney, il cherche à porter son empreinte en tant que premier ministre actif, définissant une orientation claire pour le programme économique de son administration dans le chaos du différend tarifaire avec les États-Unis. Il a présenté ce budget comme un budget d'investissement et de renouvellement, mais qui demande aussi aux Canadiens, y compris le gouvernement, les entreprises et les ménages, d'accepter des sacrifices, selon ses propres mots. La rhétorique est audacieuse : revitaliser l'économie canadienne, moderniser les structures de la fonction publique, réagir aux pressions externes tout en maintenant les retombées budgétaires du Canada. Les électeurs canadiens et les partis d'opposition seront les arbitres ultimes de la question de savoir si le juste équilibre a été trouvé.
Dans son discours, le ministre Champagne a présenté le budget 2025 comme une réponse générationnelle à un moment de profonde incertitude mondiale. C'est le moment non pas de battre en retraite, a-t-il dit, mais de « relever les voiles » et de bâtir un Canada plus fort et plus résilient. Il a mis l'accent sur les trois grands thèmes suivants.
Tout d'abord, un investissement audacieux. Le Canada doit saisir cette période de bouleversements mondiaux pour construire des infrastructures qui façonnent le pays, accélérer la construction de logements, attirer des talents, renforcer les chaînes d'approvisionnement et catalyser les capitaux privés, en investissant à une « vitesse et à une échelle jamais vues depuis des générations ».
Deuxièmement, un gouvernement discipliné. Les dépenses opérationnelles seront limitées, la croissance de la fonction publique sera ramenée à des niveaux durables, et un nouveau cadre de budgétisation des immobilisations fera en sorte que les ressources soient axées sur la productivité et la capacité à long terme, et non sur la bureaucratie.
Troisièmement, la souveraineté économique et la diversification du commerce. Avec le changement d'ordre fondé sur des règles et les pressions commerciales croissantes des États-Unis, le Canada doit devenir « maître dans sa propre maison », réduire sa dépendance à l'égard d'un marché unique et bâtir une base industrielle capable de rivaliser à l'échelle mondiale, soutenue par des corridors de diversification du commerce, une politique d'achat canadien et un soutien ciblé pour les secteurs confrontés aux droits de douane et aux perturbations mondiales.
Ensemble, ces piliers visent à faire avancer la promesse centrale du budget de faire passer le Canada « de la dépendance à la résilience » et de bâtir un pays plus fort et plus confiant prêt à diriger la prochaine ère de concurrence mondiale.
Le budget prévoit un déficit d'environ 78,3 milliards de dollars, qui diminuera graduellement pour s'établir à 56 milliards de dollars d'ici 2029/30, ce qui représente 321,7 milliards de dollars de nouvelle dette au cours des cinq prochaines années. Par conséquent, le ratio de la dette au PIB d'environ 42 % augmentera graduellement pour atteindre 43 % au cours de la même période. Les nouveaux points d'ancrage budgétaires se sont éloignés de la dette au PIB, ciblant plutôt une réduction du déficit au PIB et un équilibre entre les dépenses de fonctionnement et les revenus. Les perspectives économiques prévoient une croissance anémique du PIB de seulement 1,1 % cette année et de 1,2 % en 2026.
En résumé, six mois après le début de son mandat depuis qu'il a remporté un gouvernement minoritaire aux élections d'avril, le gouvernement Carney a déposé un budget qui constitue également l'un des premiers documents d'orientation pour ses perspectives et ses priorités au-delà des mesures législatives initiales. Il vise à souligner l'engagement de Carney selon lequel Ottawa a l'intention d'être plus ambitieux qu'une mise à jour financière progressive standard : le message est de moderniser l'infrastructure, d'augmenter les exportations, d'investir intelligemment, mais aussi de resserrer dans la mesure du possible.
Reste à savoir si l'économie en général, les provinces et le secteur privé réagiront favorablement. Sur le plan politique, les enjeux sont élevés. À titre de mesure de confiance, la motion budgétaire doit être adoptée par la Chambre des communes après quatre jours de débat, et le gouvernement a déjà entamé des discussions discrètes et parfois publiques avec les partis d'opposition pour obtenir leur appui. Bien que le Parti conservateur de l'opposition officielle demeure sceptique, ayant déclaré qu'il n'appuierait pas un budget dépassant un déficit de 42 milliards de dollars, nous supposons aux fins du présent mémoire, et d'après de nombreuses conversations en arrière-plan, que les chefs de l'opposition trouveront finalement une voie pour éviter de déclencher des élections, soit en votant en faveur du budget, soit en s'abstenant de voter contre.
Prochaines étapes
Maintenant que le budget a été déposé au Parlement, les règles de procédure exigent quatre jours de débat, y compris la date de dépôt. Le vote sur le budget devrait donc avoir lieu le vendredi 7 novembre, ce qui signifie que le gouvernement dispose de trois jours pour obtenir les trois votes supplémentaires nécessaires à l'adoption.
Nous nous attendons à ce que le budget soit adopté de justesse, les conservateurs et le Bloc québécois votant contre, et que le NPD appuiera suffisamment et qu'il y aura suffisamment d'abstention et d'appui du NPD pour qu'il soit adopté. Une fois le budget adopté, le gouvernement devrait déposer rapidement la Loi d'exécution du budget (LFI), qui contient les mesures législatives requises pour mettre en œuvre les engagements du budget. Des fonctionnaires nous ont dit que le gouvernement espérait adopter la LFI avant les vacances de Noël, mais cela pourrait s'avérer difficile étant donné qu'il ne restera que quatre semaines de séance avant les vacances.
Cliquez ici pour lire l'analyse complète


